L'attente
Que reste-t-il quand l'attente s'arrête?
L'attente d'un mot de toi, qui ne vient plus, qui ne vient pas
L'attente, qui façonnait ma vie toutes ces années troublées
Je passais ma vie à t'attendre
Je ne m'appartenais plus
J'étais toute à toi, offerte comme tu me le demandes.
Et même si tu refuses de l'avouer
Ce don total que tu appelles de tes vœux, si fort et si profondément que nous sommes une flopée à ne pas résister
Chacun.e de nous se croyant unique à tes yeux
Alors que pour eux tu es seul à compter
Nous nous noyons en toi, dans ton adoration
Oui nous en sommes là
C'est là où tu en es aussi
Alors que me reste-t-il?
Tu n'es plus la dose que je devais recevoir sous ma peau quotidiennement a minima
Tu ne me sauves plus
A l'ombre des arbres je me consume
Image votive d'un autre temps, d'un autre lieu.
Mes larmes brûlent.
J'attends toujours pourtant
J'attends d'être autofertile
Pas incréée pas omnipotente pas divinisée
Non je suis redescendue
J'attends que le vide m'envahisse totalement
Et qu'il se fasse au creux de moi un nid
Qu'il s'y installe pour de bon
Et mon acceptation qu'il a droit à cette place, pour toujours
Et qu'il s'y sente bien
Qu'il s'y love
Et qu'en lui je me plonge
Comme on regagne un refuge bien connu autrefois, et enfin retrouvé.
Pour que quelque chose de nouveau
puisse émerger
A l'ombre des arbres je me consume
Image votive d'un autre temps, d'un autre lieu.
Mes larmes brûlent
Je ne demanderai rien
Je ne ferai que regarder
Je ne ferai qu'écouter, sentir, toucher peut-être
Et je laisserai le temps faire ce qu'il doit
Je ne croirai plus que je peux le perdre ou le gagner
Je n'espèrerai plus le prendre et être fière de ça
Je ne pourrai pas le donner non plus
Qui suis-je pour prétendre ça?
J'espère qu'un jour j'en aurai assez d'être arrêtée dans le creux de ma vie
Peut-être aussi que le creux en aura assez de moi et qu'il m'expulsera sur le début d'une courbe, montante cette fois
A l'ombre des arbres je me consume
Image votive d'un autre temps, d'un autre lieu.
Mes larmes brûlent
L'œil du cyclone est familier
Endroit du vide, ultime.
Tout tourbillonne autour moi.
L'agitation ne peut cesser
Au risque de voir l'angoisse tout recouvrir de son manteau jamais usé.
A l'ombre des arbres je me consume
Image votive d'un autre temps, d'un autre lieu.
Mes larmes brûlent
Julie Boitte | 2020